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artisans de djenné, les métiers du cuir

artisans de djenné, les métiers du cuir
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16 juin 2010

Le travail du CUIR Cette vieille tradition,

Le travail du CUIR

Cette vieille tradition, d’influence marocaine, qui consiste à fabriquer des babouches est tout à fait particulière à Djenné ; en effet, les babouches de Djenné, confectionnées en cuir blanc ou jaune, sont enrichies de broderies en couleur qui leur confèrent toute leur originalité.

On fabrique également des bottes d’apparat brodées, revêtues d’un chausson de protection qui lui peut être ôté à l’entrée de la mosquée.

Métiers d’art de Djenné

Bottes et babouches brodées

C’est là une autre production originale des métiers d’arts typiques de la ville ; malheureusement, les cordonniers sont désormais beaucoup plus rares que les brodeurs, puisqu’en 2008, ils n’étaient plus que deux : Mahamane Koné, dit Eloï (ou Hilo) Koné, décédé en 2008 a transmis le métier à son petit fils : Baba Koné, dit Thiékoroba ; et Bamoye Maïga, qui est aujourd’hui très âgé et ne travaille plus guère. Les cordonniers ont aujourd’hui très peu de clients à Djenné même, car les chaussures en plastique font aux babouches et bottes en cuir une concurrence inégale.

Le travail de ces artisans spécialisés doit être distingué du travail des autres cordonniers, qui fabriquent ou réparent les chaussures portées au quotidien, ou pratiquent d’autre menus travaux en cuir.

Les cordonniers appartiennent eux aussi à une caste.

TYPES DE CHAUSSURES

Si autrefois il existait une dizaine de types de chaussures différentes, il n’en reste pratiquement plus que deux à l’heure actuelle : les babouches et les bottes d’apparat (dont certaines avec chausson extérieur).

Les BABOUCHES :

Les babouches de Djenné sont faites pour un pays sans eau. Effectivement, autrefois il n’y avait pas d’eau courante à Djenné ; on allait chercher l’eau au marigot, on y faisait sa toilette, et on il lavait le linge et la vaisselle ; seule une petite quantité d’eau était rapportée à la maison, pour la boisson, la cuisine, et la toilette des personnes âgées.

Les premières fontaines publiques ont été installées en 1981, et l’eau courante en 1996 ; depuis cette date, une partie des eaux usées est encore trop fréquemment rejetée dans les rues.

Les semelles des babouches, confectionnées en cuir de mouton, très minces, étaient donc autrefois adaptées aux rues de

la ville. En

outre, au cours des dernières décennies, on y a ajouté du carton pour les rendre plus épaisses : ces semelles sont donc encore plus fragiles car elles gonflent et se déchirent lorsqu’elles sont mouillées.

Mais ce qui fait le charme et l’originalité des babouches de Djenné, c’est qu’elles sont confectionnées en cuirs de couleur, généralement blanc ou jaune, et qu’elles sont brodées à la main de motifs en couleur.

Les BOTTES :

Actuellement, seul le vieux Bamoye Maïga est pratiquement encore en mesure de les fabriquer.

Il s’agit de bottes de cavalier, qui ont essentiellement un rôle d’apparat. Il en existe un modèle très spécial, fabriqué initialement pour des marabouts, dans lequel la botte elle-même est recouverte d’un chausson doté d’une semelle très fine. En entrant à la mosquée, on enlève le chausson, donc on s’est déchaussé, au moins formellement, et on garde ses bottes aux pieds pendant la prière.   

Le cuir des bottes et des chaussons est de couleur jaune, et il est également brodé à la main avec des motifs en couleur.

MATERIEL UTILISE :

Le cuir utilisé est généralement celui de mouton ou de chèvre, plus rarement de bœuf ; il est de couleur naturelle et il est ensuite teinté.

Le matériel lui-même se compose de formes en bois pour tendre le cuir des bottes de cavalier ou des babouches, de patrons pour les tailler, d’une paire de ciseaux, d’un large couteau, de différents outils spécifiques, de poinçons permettant d’imprimer des motifs décoratifs dans l’épaisseur du cuir, d’aiguilles et de fil pour coudre les chaussures, ainsi que de fils de couleur confectionnés par les tisserands locaux pour les motifs décoratifs, et enfin de poudre de couleur pour teindre le cuir ; autrefois les cordonniers utilisaient des couleurs naturelles, mais aujourd’hui ils se procurent des couleurs chimiques achetées au marché.

Ø      Pour de plus amples précisions sur ce métier, consulter le livre « Djenné d’hier à demain », aux éditions Donniya, chapitre 7.

TEMPS NECESSAIRE POUR

LA FABRICATION ET COUT

APPROXIMATIF :

Les cordonniers travaillent uniquement sur commandes.

-         Bamoye Maïga indique qu’il fabrique environ 5 paires de bottes dans l’année, qu’il vendait en 2008 : 25 000 FCFA (soit 39 €) et environ une douzaine de paires de babouches brodées, qu’il vendait 10 000 FCFA (soit 16 €).

-         Baba Koné compte lui 5 jours pour confectionner une paire de babouches brodées, qu’il vendait en 2008 : 7 500 FCFA (12 €), et un mois pour confectionner une paire de bottes, qu’il vendait 40 000 FCFA (soit 62 €).

La fabrication des bottes et babouches est insuffisante pour faire vivre la famille de l’artisan, celui-ci complète donc ses revenus en fabriquant des gris-gris, enveloppes de cuir dans lesquelles on place les amulettes de protection réalisées par les marabouts ou les guérisseurs.

 

L’AVENIR DU METIER :

En 2008, il n’existe plus que deux cordonniers fabriquant les babouches et les bottes typiques de Djenné. Le cordonnier Amadou Saké Gakou souhaiterait apprendre à fabriquer des bottes auprès de Bamoye Maïga, avant que son savoir-faire ne disparaisse avec lui ; seulement les quelques jours nécessaires pour sa formation se feraient au détriment de son propre gagne pain quotidien, ce qui pour l’instant le fait beaucoup hésiter. 

AUTRES CREATIONS EN CORDONNERIE :

A coté des cordonniers spécialisés dans les babouches et bottes brodées typiques de Djenné, il existe également quelques rares cordonniers qui fabriquent des objets originaux, en plus évidemment des chaussures (sandales, nus pieds), comme par exemple :

-         des selles et harnachements de chevaux en cuir décoré (qui constituaient toute une industrie locale au temps où il y avait des chevaux dans toutes les familles disposant de quelques moyens),

-         des sacs, porte-feuilles, porte documents et ceintures en cuir,   

ainsi que des objets décorés de cuir :

-         comme les chapeaux peuls,

ou les « calebasses de mariage » décorées avec des cauris retenus avec de fines lanières de cuir en couleur.

Toutefois, il s’agit là d’une faible demande, et ces cordonniers gagnent essentiellement leur vie en réparant les chaussures ou bien en confectionnant des gris-gris. 

La difficulté principale qu’il rencontre dans la pratique de leur métier réside dans le manque d’outillage, puisqu’ils sont contraints de tout faire à la main ; et l’autre difficulté essentielle est un problème de retransmission des savoir-faire.

A l’heure actuelle, c’est principalement la famille du cordonnier Amadou Saké Gakou qui est capable de confectionner de tels objets : Amadou ainsi que ses fils, Baba Gakou et Mamy Gakou.   

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